Les modalités du partenariat avec l’enfant

            Comme nous l’avons développé ci-dessus, chaque enfant a un rapport au corps qui est particulier, un rapport à l’autre qui est particulier, un rapport au savoir qui est particulier, et un rapport à l’environnement qui est particulier. Chacun de ces aspects de la vie de l’enfant est donc associé à des difficultés et des ressources spécifiques. Cela nécessite que les modalités du partenariat avec chaque enfant soient hautement individualisées. D’autant plus que chaque enfant est, en arrivant à l’Antenne, prêt à évoluer pour certains aspects, mais pas pour d’autres, ou bien encore il est prêt à évoluer pour tels aspects, mais pas de n’importe quelle façon.
            Il est donc nécessaire de mobiliser les ressources institutionnelles d’une façon suffisamment souple afin de permettre de se centrer de façon prioritaire sur les particularités présentées par chaque enfant et leur offrir le soutien le plus adapté.
            Concrètement, à l’Antenne, chaque enfant a un emploi du temps unique, à la fois constitué de moments en ateliers et de moments hors atelier.

Le travail en atelier

            Ce que nous appelons « un atelier » consiste en une session d’activité d’une durée d’une heure trente, animée par un ou deux intervenants à laquelle plusieurs enfants, toujours les mêmes, participent de façon régulière, sur une base hebdomadaire.
            À partir d’une réflexion périodique réalisée par l’ensemble des intervenants en collaboration avec les parents, il est proposé à chaque enfant de participer à 15 ateliers hebdomadaires (répartis sur cinq jours).
            Dans certains centres de rééducation psychosociale, les membres du personnel sont assignés à des activités de façon impersonnelle par leurs supérieurs hiérarchiques. À l’Antenne, ce n’est pas le cas : la mise en place et l’animation des ateliers par les intervenants sont réalisées à partir d’une rencontre entre deux éléments hétérogènes : (1) d’une part un intérêt et une compétence particuliers du côté de l’intervenant et (2) d’autre part des difficultés et/ou des ressources spécifiques du côté de l’enfant.
            Les objectifs de chaque atelier sont explicitement discutés par chaque intervenant par rapport au double axe du partenariat avec chaque enfant (axe de la régulation, axe des changements). Chaque intervenant est également vigilant à maintenir une souplesse dans les offres qu’il propose, ce qui permet d’adapter les objectifs en fonction des difficultés et des ressources qui apparaissent en cours d’atelier. Une particularité de l’approche clinique de l’Antenne est en effet de maintenir, dans le cadre de chaque atelier, une ouverture à ce qu’amène et dépose l’enfant.
            Si chaque atelier proposé s’attelle à soutenir l’enfant au niveau des modalités de régulation (corporelle, relationnelle, cognitive) aussi bien qu’au niveau des changements (élaboration, socialisation, apprentissages), certains ateliers, du fait de leur projet particulier, sont plus orientés vers un axe ou un autre. Par exemple, les ateliers « Psychomotricité », « Natation » et « Équitation » consistent, chacun à partir d’un cadre et un matériel spécifique, à soutenir l’enfant dans la recherche d’un apaisement au niveau de son corps, autrui et l’environnement. D’autres ateliers, par exemple les ateliers « Peinture », « Vélo », « Informatique » et « Classe » sont plutôt concentrés sur l’axe des changements : l’élaboration pour l’atelier « Peinture », la socialisation pour l’atelier « Vélo », et les apprentissages pour les ateliers « Informatiques » et « Classe ».

Le travail hors atelier

         À l’Antenne, nous considérons que tout moment, quel qu’il soit (repas, soins, coucher, récréation, etc.) est une occasion de travail avec l’enfant. En effet, les moments du quotidien sont parsemés de difficultés et de trouvailles inédites qu’il s’agit de soutenir jour après jour. Aux repas, par exemple, untel n’acceptera que les mets blancs, tel autre ne pourra s’empêcher de se ruer sur l’assiette des autres, un autre encore ne voudra même pas s’asseoir à table. Ces moments ne sont donc pas de moindre importance, au contraire, et ils nécessitent autant d’attention, de vigilance, d’énergie et d’inventivité que les ateliers.
         De plus, les moments du quotidien sont des occasions en or pour favoriser l’autonomie de l’enfant. Cela concerne aussi bien l’apprentissage de la propreté, des soins, l’habillage, etc. L’internat nous permet de multiplier les occasions de travail et de nous focaliser davantage sur la vie quotidienne afin de travailler ce qui est problématique d’une façon contextuelle et qui a du sens pour l’enfant.