Apprentissages

 
            Un troisième pivot du changement est constitué des apprentissages. Par apprentissage, nous entendons la sphère des savoirs préscolaires (prérequis) et scolaires ainsi que la sphère des savoir-faire (les savoirs pratiques, qui participent à l’autonomisation de l’enfant).
            Les apprentissages, tels qu’ils sont réalisés au quotidien à l’Antenne, sont adaptés aux difficultés spécifiques de chaque enfant. Aussi bien les objectifs que les moyens pour atteindre ces objectifs sont individualisés et élaborés en fonction des difficultés et ressources spécifiques de chaque enfant.
            À l’Antenne, chaque enfant rencontre chaque jour un grand nombre d’occasions d’apprendre, et cela dans une pluralité de contextes d’apprentissage. Cette pluralité des contextes, décrite ci-dessous, permet (1) de s’adapter au mieux aux difficultés et ressources de chaque enfant ; (2) de faire évoluer les contextes d’apprentissage en fonction des progrès réalisés par l’enfant ; (3) de viser, grâce à une coordination réalisée en réunion d’équipe, le maintien et la généralisation des acquis.
 
Les différents types de contexte d’apprentissage sont à proprement parler constitués d’une combinaison particulière des aspects suivants :
 
            a. Occasion unique versus récurrente
            b. Occasion spontanée versus programmée
            c. Occasion à l’initiative de l’enfant versus à l’initiative de l’adulte
            d. Apprentissage abordé de façon périphérique versus centrale
            e. Apprentissage naturaliste versus méthodique
 
Ces différents aspects permettent d’entrevoir que les contextes d’apprentissage à l’Antenne sont situés entre deux pôles : du moins formalisé et unique — comme dans les moments interstitiels ou les moments de soin, etc. — au plus formalisé et programmé — comme dans les ateliers pédagogiques auxquels participent quotidiennement les enfants —.
 
Détaillons les différents contextes d’apprentissage :
Le premier contexte d’apprentissage consiste en une occasion unique et spontanée, à l’initiative de l’enfant, où l’apprentissage est appréhendé de façon périphérique et dans une perspective naturaliste.
 
Lors d’une récréation, une intervenante observe que Maxime, un enfant autiste ne faisant pas usage du langage verbal, regarde avec beaucoup d’attention les pictogrammes accrochés à un panneau dans la salle à manger. Elle s’approche de Maxime qui lui prend la main pour pointer les graphies des mots écrits dans le bas de chaque pictogramme (par exemple : grenadine, kiwi, pomme). L’intervenante nomme au fur et à mesure chaque mot pointé. Maxime profite donc de ce moment privilégié pour se familiariser à l’association entre l’image de certains aliments, leur nom écrit et leur nom prononcé.
 
 
Le second contexte d’apprentissage consiste en une occasion unique et programmée, à l’initiative de l’enfant, où l’apprentissage est appréhendé de façon périphérique et dans une perspective naturaliste.
 
Un lundi matin, sur les portes de la salle à manger, est affiché un prospectus d’un jeu/concours organisé à l’Antenne, l’après-midi de la même journée. La consigne (affichée par écrit et accompagnée d’un dessin) est la suivante : « Trouve la plus petite cuillère dans le Centre et tu gagneras un grand cadeau ! ». Ce jeu est une opportunité unique pour plusieurs enfants de travailler, tout en s’amusant, la distinction entre « plus petit » et « plus grand ».
 
 
Le troisième contexte d’apprentissage consiste en une occasion récurrente et programmée, à l’initiative de l’enfant, où l’apprentissage est appréhendé de façon périphérique et dans une perspective naturaliste.
 
Rémy participe à une activité informatique hebdomadaire, durant laquelle il a la possibilité de faire usage d’un navigateur internet pour réaliser des recherches sur un thème qui l’intéresse. Cette activité est une occasion ludique pour Rémy de se familiariser avec la sphère du langage écrit qui est associée aux thèmes qu’il affectionne.
 
 
Le quatrième contexte d’apprentissage consiste en une occasion récurrente et programmée, à l’initiative de l’adulte, où l’apprentissage est appréhendé de façon centrale et dans une perspective naturaliste.
 
 
Emilio est exclusivement intéressé par le fait de dessiner des personnages de jeux vidéo en les associant à des noms et des couleurs spécifiques. En ce qui concerne la lecture, l’enfant peut lire une série de mots de façon globale. Durant des ateliers pédagogiques, la logopède a pris l’initiative de proposer à Emilio d’associer des couleurs aux syllabes de son prénom. Cela a favorisé l’apprentissage de la lecture syllabique : Emilio se repère sur ces syllabes « colorées » apprises pour ensuite les chercher et les retrouver dans des mots nouveaux. Autrement dit, avoir tenu compte, puis utilisé l’intérêt particulier d’Emilio pour les associations couleurs/mots a permis d’introduire l’enfant à la lecture syllabique.
 
 
Le cinquième contexte d’apprentissage consiste en une occasion récurrente et programmée, à l’initiative de l’adulte, où l’apprentissage est appréhendé de façon centrale et dans une perspective méthodique.
 
Frédéric est inscrit à plusieurs ateliers pédagogiques au sein desquels est travaillée la lecture syllabique au moyen des méthodes pédagogiques utilisées dans l’enseignement ordinaire, impliquant un cursus déterminé et des séquences répétitives d’apprentissage.
 
 
Pour finir, en vue d’une intégration (ou réintégration) scolaire de l’enfant après son départ de l’Antenne, nous veillons, au fur et à mesure de la prise en charge, à adapter les contextes d’apprentissages, en fonction des progrès de l’enfant, tout en étant néanmoins attentif à maintenir tout au long de la prise en charge une diversité de contextes.