SON-RISE (& les « 3i »)

Divergence

Présentation

            Le « Son-Rise » (ainsi que son équivalent francophone : les « 3i ») est une pratique d’intervention développementale élaborée par Barry Neil Kaufman dans les années 70’.
Les points clefs de cette pratique sont les suivants :
- le jeu non directif intensif : le « Son-Rise » est réalisé par le parent ou un tiers (bénévole) qui accompagne l’enfant dans un local spécialement adapté. Les séances consistent à suivre l’enfant et jouer avec celui-ci (un total de 40 heures/semaine est recommandé). La spécificité du « jeu » préconisé est d’être non-directif, c’est-à-dire que l’adulte se limite essentiellement à suivre les initiatives de l’enfant.
- Tout est prétexte pour jouer, y compris les activités répétitives solitaires (les stéréotypies). L’enfant ne peut jamais être contrarié ou empêché dans ses mouvements et activités, aussi problématiques soient-ils.
- Chaque interaction (regard, contact, attention conjointe) est verbalisée par l’intervenant en communiquant sa joie à l’enfant. Les auteurs du « Son-Rise » prétendent — sans autre preuve qu’un unique témoignage — que communiquer à l’enfant son enthousiasme et ses sentiments positifs lui permet de « sortir » de l’autisme.

À l’Antenne

            La pratique clinique à l’Antenne 110 diverge fortement du « Son-Rise » (ou 3i) pour plusieurs raisons :
- Si les activités spontanées de l’enfant sont considérées à l’Antenne comme une ressource précieuse à prendre en compte, elles n’ont pas pour autant à être la seule pierre angulaire de toute la prise en charge. Les problématiques rencontrées par les enfants autistes sont à ce point importantes et complexes qu’il est extrêmement réducteur de ne proposer à l’enfant que de jouer toute la journée. Si le jeu permet effectivement de sensibiliser l’enfant à la présence bienveillante de l’autre, d’autres activités sont tout aussi nécessaires : les activités pédagogiques, les activités sportives, les activités artistiques, etc.
- La non directivité est une attitude intéressante dans des contextes spécifiques (par exemple une activité ludique ou artistique), mais ne peut pas être une attitude générale à adopter en toute situation. L’enfant autiste, comme tout enfant, doit apprendre à se familiariser avec des règles et des limites, qui sont les conditions d’un « vivre ensemble ».
- Si les « stéréotypies » de l’enfant peuvent effectivement être un appui dans le travail avec l’enfant, il est néanmoins important de soutenir leur complexification afin qu’elles puissent mieux s’accorder avec le lien social et les apprentissages. Cela nécessite d’inviter l’enfant à participer à des activités similaires à ses stéréotypies tout en étant différentes. Cette invitation, aussi bienveillante soit-elle, implique un « doux forçage ».
- Si l’enthousiasme de l’intervenant peut favoriser une dynamique relationnelle propice à une interaction réciproque, il peut néanmoins se montrer problématique s’il est verbalisé de façon systématique et exagérée (il devient alors un « renforcement positif »). De plus, l’enthousiasme n’est pas toujours présent, chaque jour, à toute heure de la journée. Associer les progrès de l’enfant à l‘expression de sentiments positifs chez l’intervenant (parent ou bénévole) repose sur une croyance quelque peu magique et est potentiellement culpabilisant pour les parents en cas d’échec thérapeutique.
- Pour finir, à l’Antenne, nous ne pensons pas qu’un enfant puisse « sortir » de l’autisme. Même si l’enfant peut évoluer de façon significative dans diverses sphères (élaboration, socialisation, apprentissages), certaines particularités — qui font partie intégrante de l’identité de la personne autiste — se maintiendront tout au long de la vie.

En savoir plus sur cette pratique

Kaufman, B.N. (1995). Son-Rise : The Miracle Continues. HJ Kramer.