Forum "Quel plan autisme?"

Date de l'événement: 

10.05.2014

L’autisme est devenu un problème de société. Dans le DSM 5, les Troubles du Spectre de l’Autisme (TSA) recouvrent maintenant la quasi-totalité des troubles mentaux de l’enfance. L’autisme concernerait dorénavant 1 personne sur 100, ce qui représente une augmentation de 70 % en cinq ans. A croire le DSM 5, plus personne, plus aucune famille, ne serait épargné par ce qu’on veut faire passer pour une épidémie.

Le DSM 5 ne fait pas l’unanimité et il est d’ailleurs critiqué. Néanmoins, depuis plusieurs années et dans de nombreux pays, des associations de parents d’enfants autistes se mobilisent pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur le manque de places pour une prise en charge adaptée aux difficultés de leurs enfants. C’est particulièrement le cas en Belgique ces derniers mois où ces associations interpellent les politiques pour les encourager à mettre en place un « plan autisme ».

En tant qu’associations et institutions mobilisées depuis longtemps par la question de l’accueil et du traitement de personnes présentant de l’autisme, nous partageons cette préoccupation.

Dans le souci de faire le point sur les moyens déjà déployés, une étude a été menée par le Conseil Supérieur de la Santé. Malheureusement, les résultats de cette étude sont pour le moins surprenants et sujets à controverse.

D’abord parce que les auteurs, et notamment le président de l’étude, sont juge et partie. Comment pouvoir donner foi à une étude si ses conclusions vont dans le sens, exclusif, de ceux mêmes qui la conduisent ?

Ces résultats s’appuient sur une idée maîtresse, les evidence-based practices, qui applique à l’humain, sans autre forme de procès, des techniques provenant de la science médicale visant à la protocolisation et la standardisation des soins. Cette réduction de la complexité subjective à l’évaluation statistique porte atteinte à la singularité de chacun, réduite à des items, à la cartographie cérébrale ou aux gènes.

Tout en reconnaissant qu’aucune cause unique et systématique n’a été mise en évidence à ce jour, ils focalisent l’étiologie de l’autisme sur la génétique : alors que des centaines de gènes pourraient être concernés et qu’aucune piste thérapeutique évidente ne s’en dégage, ce discours tend néanmoins à réduire l’être humain à son génome et à ses éventuels déficits. Il conduit à une négation de la souffrance psychique et de la part subjective de l’être humain.

Les auteurs encensent les thérapies cognitivo-comportementales et balayent d’un revers de la main toutes pratiques psycho-dynamiques confondues qui prennent en compte cette souffrance. C’est faire preuve de dédain, sinon d’injure, non seulement pour les enfants et adultes avec autisme qui se soutiennent de ces pratiques pour construire un lien social, mais aussi pour tous les intervenants du secteur qui les accueillent et les soignent avec énergie et dévouement en s’appuyant sur un corpus de savoirs solide qui va de la psychiatrie classique aux derniers développements de la psychanalyse.

Ils prônent la liberté du meilleur choix pour les familles mais ne considèrent que les seules pratiques cognitivo-comportementales comme étant valables. Pour le moins se pose là un problème démocratique : la liberté de choix serait réduite, comme dans certains pays, à l’élection d’un seul et unique candidat. Cette position démagogique constitue en même temps un reproche indirect aux parents qui font confiance aux praticiens accueillant la souffrance au cas par cas.

Les associations et institutions signataires de cette annonce (d’autres s’y ajouteront) soutiennent la tenue d’un forum pour dénoncer la recommandation exclusive de l’approche cognitivo-comportementale.

Ce forum

-témoignera de pratiques originales et variées,-
- donnera la parole aux parents,
- entendra l’avis d’universitaires,
- interpellera enfin les acteurs politiques concernés par ces questions.