3e Journée de l’Institut de l’Enfant (Interpréter l'enfant)

Date de l'événement: 

21.03.2015

Image/Affiche de l'événement: 

Interpréter l’enfant, c’est permettre à l’enfant et à son entourage de ne pas être enfermé dans un « je suis un enfant » ou « ce n’est qu’un enfant ». Car déjà, quel que soit son âge, son monde est plus vaste : ce que ses parents attendent de lui, leurs idéaux, mais aussi leurs blessures et leurs angoisses à son propos ; les mots et les choses qui, très tôt, comptent pour lui, mais aussi son « caractère » et ses « caprices », ses symptômes, signes quelquefois bruyants de son altérité.
Interpréter l’enfant, c’est isoler avec lui sa prise dans le discours, sa façon à lui d’être capturé dans ses réseaux ; c’est accompagner son effort pour s’extraire des significations trop lourdes qui pèsent sur lui, et des images trop fascinantes qui le fixent.
Interpréter l’enfant, c’est, pour le psychanalyste, pour le praticien orienté par la psychanalyse, prendre les initiatives qui permettent à l’enfant de s’en servir comme instrument pour s’avancer dans un monde où il n’y a pas la boussole qui dise quoi faire et quoi dire. Le psychanalyste a ici à choisir : se dispose-t-il comme « le gardien de la réalité » ou comme celui qui peut « communiquer un procédé », un savoir-faire, face aux moments de détresse ou de perplexité ?
La 3e Journée de l’Institut de l’Enfant est l’occasion de réfléchir sur notre pratique, non pour la standardiser, mais à titre d’échange d’expériences – en premier lieu dans les cures analytiques, mais aussi dans l’accueil et le traitement d’un enfant en institution.
Le statut de l’interprétation dans notre champ est décisif pour expérimenter les pouvoirs – et les limites – de la parole face aux forces plus obscures mises en jeu par les divers slogans, images et gadgets qui prolifèrent et créent les nouveaux entours de l’enfance.
Interpréter l’enfant au XXIe siècle, c’est donc indiquer  en quoi notre usage actuel de l’interprétation porte à conséquence pour le statut de l’enfant dans notre monde, et pour la place à y faire à ce qui échappe aux normes.

*Cet argument est basé sur le texte d’orientation de J.-A. Miller sur ce thème, prononcé lors de la 2e Journée de l’Institut de l’Enfant, et publié sous ce titre dans le volume Le savoir de l’enfant, paru aux éditions Navarin en 2013.